L’ALIMENTATION COMME CRITERE DE PEUPLEMENT DE SON AQUARIUM COMMUNAUTAIRE

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Avant propos

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L’article original a été écrit par Fabrice POIRAUD-LAMBERT.

Cette exctraction date de 2015 le site mars.reefkeepers.net ayant disparu. Le contenu etant intéressant je le met a disposition ici. Je n’ai pas réussi a trouver un moyen de contacter l’auteur pour lui demander l’autorisation, si besoin je supprimerais sur demande.

L’article

Au même titre que l’ensemble des techniques de maintenance nécessite de nombreuses explications, il semble que le peuplement de son aquarium demande un minimum de commentaires. Les amateurs peuplent souvent leur bac avec les animaux qu’ils trouvent au hasard des disponibilités chez les revendeurs, en se basant généralement sur les conseils parfois peu avisés de ceux-ci (on ne peut pas nier que les impératifs commerciaux, la méconnaissance de l’état de l’aquarium du client, et parfois l’incompétence de certains vendeurs ont une influence sur le conseil donné). Le respect des animaux et de certaines règles fondamentales doit prévaloir pour réussir le peuplement de son aquarium en respectant l’environnement et la vie autant que possible. Les erreurs sont souvent le lot des débutants, mais le partage de l’expérience des autres doit permettre de les limiter.

MAINTENIR NATURELLEMENT L’EQUILIBRE DU BAC

L’aquarium communautaire, et plus particulièrement l’aquarium récifal ou hollandais plus proche de la nature de part sa conception et les conditions de vie qu’il offre (décor rocheux naturel, micro-vies,…), nécessite un choix éclairé de ses habitants, prioritairement dicté par les besoins en maintenance. Dans cet espace restreint où vous allez essayer de recréer un milieu naturel stable, certaines contraintes doivent donner lieu à un rééquilibrage.

1- Contrôler la prolifération d’algues

Lors de la phase de démarrage, voire après, des algues, même microscopiques, vont généralement se mettre à pousser sur les roches, les vitres et le sol. L’acquisition d’herbivores semble donc incontournable. Les Zebrazomas (Z. flavescens étant le plus petit de la famille) et les Acanthurus (A. leucosternon, A. japonicus,…) offrent des possibilités intéressantes et complémentaires. Les Ctenochaetus, toujours dans la famille des Acanthuridés, s’intéressent, eux, aux films de détritus et d’algues qui s’accrochent aux coraux morts, au sol ou aux vitres (Marine Atlas – Dr BAENSCH), ce qui permet de compléter une population d’herbivores.

Des poissons de taille plus modeste peuvent s’intéresser à des algues différentes (celles qui se déposent sur les vitres par exemple), telles certaines Blennies (Escenius frontalis ou bicolores (attention, cette espèces aime aussi parfois les bénitiers…), Escenius pulches, Exallias bevis, Atrosalarias fuscus, Salarias fasciatus) et certains Gobies (Amblygobius rainfordi ou A. phalaena).

Toujours pour contrôler vos algues, vous avez à votre disposition un certain nombre d’invertébrés tels les escargots (Astraea, Turbo, Trochus, Nerita, Cerithium, Calliostoma,…), certaines limaces (Tridachia crispata par exemple), les oursins, certains crustacés (Amphipodes,…), des crabes (Percnon gibbesi, Mithrax sp.,…) et certains Bernards l’ermite. Si vos pierres vivantes viennent directement de leur lieu de prélèvement, vous aurez probablement avec un certain nombre d’invertébrés herbivores… Si vous décidez de mettre une population importante de crustacés et/ou de mollusques, essayez de les introduire progressivement et non d’un coup : une vingtaine d’escargots qui meurent en même temps crée une montée de phosphates et de nitrates qui peut être fatale à tout le bac ! J’ai vécu l’expérience, et si l’on en croit les Lettres Récifales No 4, notre ami Claude HUG a vécu le même problème. Juste une recommandation à propos des oursins du type Diadème : achetés de petite taille, ils peuvent tripler leurs dimensions en l’espace de quelques mois s’ils sont convenablement alimentés en algues diverses. D’une redoutable efficacité et cachant des couleurs lumineuses entre leurs noires épines (orange fluorescent, blanc immaculé, bleu nuit intense), ils ont cependant une fâcheuse tendance à se délecter des algues calcaires encroûtantes… Idéaux pendant la période de stabilisation du bac, ils peuvent devenir ensuite un peu encombrant, mais votre fournisseur habituel acceptera généralement de les reprendre.

D’une manière indirecte, les herbivores vous aideront aussi à réduire les nitrates et les phosphates : En consommant régulièrement les algues, les herbivores les maintiennent dans un état de croissance élevée, permettant ainsi de traiter l’ammonium, les nitrates et les phosphates présents dans l’eau de l’aquarium. Le syphonnage des excréments des brouteurs permet alors d’extraire ces composés de l’aquarium (The Reef Aquarium).

Le choix et la quantité d’animaux herbivore doit être réfléchi : si vous mettez trop de mollusques et de crustacés, les blennies et les autres poissons herbivores risquent fortement de mourir de faim. Tout est question d’équilibre : vous pouvez commencer doucement et modifier le nombre d’invertébrés mobiles en fonction de la prolifération des algues ou de l’état des poissons.

2- Maîtriser la microfaune

Une fois que vous estimez avoir de quoi contrôler vos algues, vous devez maintenant vous préoccuper de toutes les petites bestioles qui courent partout, surtout si vous avez eu la patience (payante) de laisser votre bac exempt de carnivores pendant au moins les trois premiers mois.

Dans la liste des bestioles, vous en avez un certain nombre qui ne vous posent pas de problème particulier, et d’autres dont vous aimeriez bien vous défaire si vous avez la malchance de les héberger. Citons par exemple les Planaires, les Aiptasias, les Isopodes, les Odontodactylus (crevettes mantes), vers et escargots prédateur divers, Š

Dans certains cas, vous pouvez essayer les mesures chimiques (Concurat / Lévamisol pour les Planaires rouges, Soude (NaOH) pour les Aiptasias,…) mais il est beaucoup plus sain et moins dangereux d’utiliser des méthodes naturelles, comme la pêche à mains nues (!) ou la prédation naturelle.

Les Synchiropus et les Pseudocheilinus sont efficaces pour réguler une population (limitée) de Planaires (“The Reef Aquarium” + observations personnelles), d’escargots parasites, de petits vers et crustacés. D’autres poissons, tels les Macropharyngodons, les Ananpses, les Halichoeres peuvent aussi remplir ce rôle.

Un animal du type de Chelmon rostratus pourra vous aider dans la lutte contre les Aiptasias. Il semble qu’il préfère généralement les jeunes individus, ce qui vous obligera alors à traiter vous-même les Aiptasias adultes. Son seul inconvénient est d’aimer aussi d’un peu trop près les Spirographes. Si vous les aimez aussi, il va vous falloir choisir !

Les Gobies ainsi que d’autres espèces de poissons de petite taille pourront aussi vous aider à maîtriser la microfaune, en fouillant perpétuellement le sol à la recherche de nourriture. Attention cependant aux Gobies que vous achetez, car une partie de ces animaux n’aime pas les courants forts et meurent assez rapidement s’ils y sont confrontés.

3- Sédiments et déchets organiques

Il vous reste maintenant à vous préoccuper des sédiments et autres déchets organiques qui s’accumulent dans votre bac. Même si vous siphonnez régulièrement, si vous avez un beau décor de pierres vivantes vous avez fatalement des coins et des recoins inaccessibles. Il existe ici un certain nombre d’animaux qui vont vous rendre service en nettoyant les endroits accessibles et les autres.

Les crevettes (les plus courantes chez les commerçants sont les Stenopus et les Lysmata) nettoient les poissons ou les coraux en consommant leurs parasites, mais les poissons ne se prêtant pas toujours au jeu, elles parcourent roches et sols pour y trouver leur provende. Des poissons (malheureusement assez fragiles) tels les Valencienneas, qui passent leur temps à prendre les grains de sable dans leur bouche pour en consommer les particules organiques et les animalcules, sont très utiles pour vous conserver un lit de sable blanc (sauf si le sable est recouvert d’algue du type Dinoflagellée !). Des Bernards l’ermite, souvent consommateurs d’algues (Paguristes cadenati, Trizopagurus strigatus, Manucomplanus varians, Calcinus tibicen, Phimochirus operculatus,…), des Ophiures et certaines Holothuries (Concombres de Mer) vous seront aussi très utiles pour nettoyer le sol et le décor, on compte généralement maximum 1 Holothurie par tranche de 200 litres (Stéphane FOURNIER, Comm. Pers.), et j’ai pu constater la redoutable efficacité de la mienne. En mer rouge, on a calculé que les Holothuries présentes sur un hectare peuvent déplacer 150 tonnes de sable en une année (“La Mer Rouge” – Bonechi). Attention cependant au choix de vos invités : Certaines espèces (généralement colorées) peuvent causer pas mal de dégâts de leur vivant ou lors de leur décès (consultez la littérature…).

Un certain nombre de crustacés et de vers microscopiques souvent venus avec les roches vivantes rempliront aussi le rôle de nettoyeurs, vous aidant à faire en sorte que votre substrat ne se transforme pas en une boue putride où les détritus s’accumulent.

Lorsque vous avez pris en compte les besoins fondamentaux de votre bac, vous vous retrouvez par exemple avec la population suivante :

Pour les algues :
– 1 Zebrazoma ou 1 Acanthurus (ou 1 Ctenochaetus…)
– 1 blennie herbivore
– 1 paire de Lysmata (les Stenopus sont très timides…). 1 crevette par tranche de 100 litres me semble être largement suffisant en raison leur grande mobilité.
– 1Astraea par tranche de 10 à 30 litres (à introduire par groupe de 10, une fois par mois).

Pour la régulation de la microfaune :
– 1 couple de Synchiropus ou de Pseudocheilinus hexataenia
– 1 couple de Gobies
– 1 Chelmon rostratus (si vous avez des Aiptasias, sinon il concurrence inutilement les autres petits carnivores).

Pour maîtriser les sédiments et les déchets :
– 1 Holothurie par tranche de 200 litres (uniquement si vous avez du sable de granulométrie raisonnable (2 à 5 mm) au fond de votre bac)
– 1 couple de Valencienneas (vous ne trouverez probablement pas de femelle, mais deux mâles peuvent cohabiter lorsque le volume du bac est suffisant, soit minimum 400 litres à mon avis)
– des Ophiures à pattes lisses (les autres sont parfois des prédateurs carnivores !)
– des Bernards l’ermite (surtout pas n’importe lesquels !), etc…

Lorsque les besoins fondamentaux de votre bac sont satisfaits, vous pouvez commencer à vous intéresser à d’autres animaux qui n’auront d’autre rôle que de vous faire plaisir. Si vous procédez en sens inverse, les incompatibilités inter-spécifiques risquent ensuite de vous empêcher d’héberger des animaux qui vous seraient utiles. Vous constaterez rapidement que les poissons se répartissent en différentes catégories dont l’une est relative à leurs habitudes de vie : Certains nagent en eaux libres (Chirurgiens,…), d’autres restent en pleine eau sans bouger (Nématéléotris,…), une partie d’entre eux nage près des roches ou du sable pour chercher de la nourriture (Pseudocheilinus, Synchiropus, Blennies, Valenciennea,…), pendant que le reste vit au sol (Gobies,…) ou dans les coraux (Gobiodons,…). En tenant compte du comportement des animaux que vous avez introduit dans votre bac, vous pouvez alors compléter la population.

Dans tous les cas, consultez tous les livres que vous pouvez trouver afin de vérifier la taille des animaux à l’état adulte, leur niveau d’agressivité, leurs habitudes alimentaires, leur mode de vie (lumière, brassage, sensibilité aux conditions de maintenance, espace vital, habitudes alimentaires,…).

Il semble raisonnable de respecter la règle qui consiste à dire qu’il ne faut pas mettre plus d’1 cm de poisson (en tenant compte de la taille finale de l’adulte) pour 4 litres d’eau. La règle des 1 cm pour 4 litres est valable pour les aquariums disposant d’un décor permettant aux animaux de se cacher. Dans un bac dépourvu de cachettes, la règle sera plutôt de 1 cm pour 8 ou 10 litres.

En synthèse :
– achetez d’abord les animaux qui vont vous aider à maintenir la santé de votre bac
– respectez les compatibilités et les conditions de maintenance
– évitez d’acheter un animal dont vous ne connaissez pas le comportement : Si nécessaire, déplacez vous avec un livre ou consultez ceux généralement présents dans les magasins
– ne dépassez pas la règle de 1 cm de poissons (taille adulte) pour 4 litres d’eau.

Fabrice POIRAUD-LAMBERT

Merci à Stéphane FOURNIER de m’avoir fait prendre conscience de cette logique naturelle.

Bibliographie :
– Marine Atlas – Dr BAENSCH – MERGUS
– Encyclopédie des poissons d’aquarium marin – Franck de GRAAF – BORDAS
– Aquariophilie à la manière berlinoise – Dieter STUBER
– Aquarium Magazine
– La Mer Rouge – Bonechi.

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