Avant propos
Cet article est une copier coller d’une archive
L’article original a été écrit par Fabrice POIRAUD-LAMBERT.
Cette exctraction date de 2015 le site mars.reefkeepers.net ayant disparu. Le contenu etant intéressant je le met a disposition ici. Je n’ai pas réussi a trouver un moyen de contacter l’auteur pour lui demander l’autorisation, si besoin je supprimerais sur demande.
L’article
Parmi les questions que se pose chaque aquariophile avisé devant une espèce animale qu’il ne connaît pas, les premières sont souvent : ‘De quoi a-t-il besoin pour vivre ? Qu’est-ce qu’il mange ? Quel est son comportement associatif ?’. Si l’expérience des uns et la bibliographie disponible permettent d’avoir une idée, raisonnablement précise et correcte, des besoins et des comportements de nos invités, la maintenance en captivité de nos animaux marins, dans des milieux aussi complexes et diversifiés qu’un aquarium récifal, induit parfois des déviations ou anomalies comportementales.
Ces déviations sont à mon sens le fruit de conditions de maintenance particulières qui entraînent parfois les animaux à s’adapter pour survivre. Dans certains cas, des comportements étranges me semblent cependant découler de découvertes faites par nos pensionnaires, découvertes résultant d’une promiscuité prolongée…
Dans ce qui suit, je vais exposer un certain nombre de cas anormaux, qui peuvent se reproduire dans divers aquarium. Au lecteur d’utiliser ces informations pour prévenir ou détecter un problème identique dans son propre bac. Si vous avez vous aussi constaté des anomalies du comportement chez certains de vos animaux, merci de m’en faire part !
* Clown cherche appartement à louer…
Tout le monde sait que les clowns (Amphiprions sp) sont des poissons qui vivent généralement dans des anémones. Les anémones étant généralement très urticantes, mobiles, et incompréhensiblement difficiles à maintenir dans certains cas, nos clowns se retrouvent souvent privés d’anémones, soit par ce que l’amateur n’en a jamais mis dans le bac, de crainte de tuer ses coraux, soit parce qu’elle est morte. Ils cherchent alors toutes les possibilités à leur portée pour compenser l’absence d’anémone : ils adopteront tous les coraux mous ou durs à plus ou moins longs polypes qui ressemblent à une anémone : Sarcophyton, Catalaphyllia, Goniopora, Discosomatidae (tels les Amplexidiscus fenestrafer, malheureusement pour le clown imprudent…), … Dans certain cas, l’essai sera fatal au clown, dans d’autres ce sera le corail qui décédera du fait des frottements répétés et vigoureux du ou des clowns (même les anémones ont parfois du mal à les supporter…). Si le corail est proportionnellement beaucoup plus gros que le ou les clowns, la cohabitation pourra cependant se faire…
Il est curieux de constater que même dans la nature les clowns peuvent loger dans des coraux (Goniopora par exemple) plutôt que dans des anémones, bien que celles-ci soient nombreuses dans les environs. Cet état de fait, anormal puisque le corail ne protège généralement pas le clown, ne dépend donc pas forcément de la captivité ! (Obs. pers.).
* Acanthurus leucosternon : des goûts exotiques
Cela a été constaté dans un certain nombre de bacs, et même à Monaco : le Leucosternon finit parfois par goûter un peu aux différents coraux de l’aquarium (Hydnophora,…) et même par y prendre goût ! : j’ai ainsi dû mettre un Goniopora sous cage afin de le protéger des assauts répétés de mon leuco ! Le pire est que le poisson ne consommait pas forcément le corail, mais s’amusait aussi visiblement à en arracher les polypes. Y a-t-il une explication chimique dans ce comportement anormal ?
* Chelmon rostratus tueur de bénitiers
Il me semble que c’est Steeve Tyree qui relatait, dans un de ses articles, qu’un Chelmon rostratus avait totalement détruit de beaux bénitiers dans son bac. Le Chelmon vivait dans le bac de Steeve depuis longtemps, sans toucher aux nombreux bénitiers présents. Un jour, Steeve à ajouté un Crocea bleu. Etait-ce le fait d’un mucus émis par le bénitier du fait de son stress ? Le Chelmon s’est approché, et considéré que les taches colorées sur le manteau du bénitier devait être des parasites, et a commencé à picorer… Le Bénitier a donc continuer à émettre du mucus, et le conditionnement naturel du Chelmon associé à l’effet chimique du mucus l’a tout simplement empêché d’arrêter son harcèlement. Après avoir tué le nouveau bénitier, le Chelmon s’est ensuite attaqué aux autres, et il a fallu l’enlever du bac ! S’il ne s’agit pas réellement d’une déviation du comportement, mais d’une exacerbation d’un comportement naturel qu’il faut surveiller.
* Du corail au menu d’une Lysmata amboinensis !
S’il est un animal marin qui n’est pas connu pour être coraillivore, c’est bien cette crevette. Et pourtant, quelle ne fut pas ma surprise de constater que l’une de mes 4 Lysmata avait un comportement curieux : elle était en train de manger l’extrémité d’un polype de Catalaphyllia jardinei ! Surpris, j’ai émis l’hypothèse que le polype avait été coupé par ailleurs et que la crevette l’avait attrapé au vol… malheureusement, dès le polype finit, la crevette en a attrapé un autre, et l’a promptement sectionné avec ses pinces… Par la suite, j’ai eu l’impression qu’elle s’attaquait aussi à un Hydnophora… Enfin, mes 2 Trachyphyllia ne montrent plus aucun de ces petits polypes qu’ils avaient il y a quelques temps coutume de sortir la nuit : auraient-ils été tous sectionnés ? Les crevettes étant carnivores, ce comportement anormal est-il le fait de l’insuffisance de nourriture ou le résultat d’expériences culinaires guidées par la curiosité ?
* Des Calcinus tibicens un peu trop carnivores
Les Bernards l’ermites sont par essence des détritivores omnivores. Ils se satisfont aussi bien d’algues diverses y compris coralliennes, que de déchets, sédiments, escargots même vivants, moules, nourriture en paillettes, etc… J’ai pu noter que les gros spécimens de tibicens (pattes rouges à chaussons blancs) ne dédaignent pas manger la tête fragile de certains Acropora, voire consommer leur mucus obtenu en les blessant ! Il me paraît assez évident que de tels comportements sont probablement induits directement par un manque de nourriture par ailleurs. Je n’ai pas noté ce type de comportement chez les Clibanarius quadricolors (pattes bleues) ou chez les Paguristes cadenati (pattes intègralement rouge vif)